Tous les jours, Aviva Goldschmidt se souvient des angoisses souffertes alors qu’elle se dissimulait dans une cache durant son enfance. Comment petite fille, il lui fallut apprendre que tout bruit qu’elle causerait pourrait signifier la découverte de sa cachette et la mort. « Il ne faut pas pleurer, il ne faut pas rire, il ne faut pas parler, tu ne dois faire aucun bruit ! » Jusqu’à nos jours, les rappels permanents de sa mère résonnent toujours en elle. Ces rappels ont sauvé la vie de la petite Aviva.
Aviva Goldschmidt, née Tuch, était une jeune enfant lorsqu’elle survécut à l’Holocauste, avec sa mère, dissimulée dans diverses caches dans la ville de Boryslav, à l’époque en Pologne, aujourd’hui en Ukraine. Un seul bruit, un mot, un sanglot auraient pu trahir la mère et la fille et signifier la mort pour elles. Les incessants rappels maternels ont marqué Aviva au point que même longtemps après l’Holocauste, elle ne s’exprimait jamais qu’en murmurant.
À l’occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, Aviva Goldschmidt s’est adressée à une centaine d’élèves dans l’Église Saint-Paul de Francfort (Frankfurter Paulskirche) dans le cadre d’un atelier organisé par la Claims Conference, qui formait la toile de fond d’une exposition de panneaux principalement axée sur les enfants survivants de l’Holocauste. Aviva Tuch est née en 1938 à Boryslav, où elle vivait avec ses parents Mendel et Pinia et ses aînés Cilla et Josef.
La famille vivait aisément. L’enfance protégée d’Aviva fut abruptement brisée durant l’été 1941 lorsque l’Allemagne envahit l’Union soviétique. Mendel Tuch fut déporté aux travaux forcés ; sa famille ne le revit jamais. Plus tard, ils apprirent qu’il avait été abattu. Cilla pu s’enfuir à l’Est, sur le territoire de l’Union soviétique. Aviva et Josef ainsi que leur mère furent emmenés dans le camp de travaux forcés de Boryslav, d’où ils parvinrent à s’enfuir. Jusqu’à la libération en août 1944, ils se cachèrent en divers endroits dans la ville de Boryslav et ses alentours. Ce qui a le plus marqué les souvenirs de cette époque chez Aviva Goldschmidt, c’est l’impératif de rester absolument silencieuse dans sa cache, de ne faire aucun bruit. Quelques jours à peine avant la fin de l’occupation, Josef, le frère aîné d’Aviva, fut abattu par des soldats allemands. Il n’avait que vingt ans.
Aviva Goldschmidt raconte aux élèves que jusqu’à aujourd’hui, elle souffre de ses traumatismes, et que les souvenirs de l’Holocauste l’accompagnent constamment. Un élève lui a demandé si, en venant en Allemagne dans les années 1950, elle avait connu l’antisémitisme, et comment elle évaluait la situation actuelle. Aviva Goldschmidt a déclaré que de nos jours, l’antisémitisme était montré plus ouvertement en Allemagne et qu’elle-même était inquiète à cause de la montée du populisme de droite dans toute l’Europe. Elle a lancé un appel aux élèves de s’investir en faveur de la démocratie.
À l’occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, la Claims Conference présente l’exposition «Jewish Child Survivors» (Les enfants juifs survivants de la Shoah) dans la Frankfurter Paulskirche. C’est un endroit auquel la ville de Francfort et le land de Hesse recourent dans des occasions importantes. L’exposition montre des panneaux qui, au moyen de biographies individuelles, illustrent la souffrance des enfants, y compris celles d’Aviva.
En reconnaissance de sa persécution et de sa souffrance, Aviva Goldschmidt bénéficie de paiements versés sur la base du fond relatif à l’article 2; en outre, elle a reçu un versement unique du « Fonds pour les enfants survivants de la Shoah ».
Il est important qu’en mémoire des six millions de Juifs assassinés, les gens, et en particulier les jeunes gens, puissent écouter les témoignages des survivants comme Aviva. Dans la plupart des cas, ce chiffre cru de six millions est trop immense pour vraiment être saisi. En revanche, l’histoire de la petite fille juive terrorisée au point de rester incapable de s’exprimer autrement qu’en murmurant même des années après l’Holocauste, trouve un écho et se grave à tout jamais dans la mémoire de ceux qui l’ont écoutée.